L'affaire fait les gros titres depuis quelques jours, soulevant tour à tour stupéfaction et indignation: une vieille femme virée de sa résidence médicalisée pour cause d'impayés, et renvoyée sans armes mais avec bagages chez son fils qui s'est avéré être absent de son domicile, d'où un atterrissage après turbulences aux urgences locales. Avec les révélations sur ses enfants plutôt aisés et, sur le conflit financier qui les opposent à la direction de la maison de retraite, des voix "compréhensives" se font entendre pour atténuer cet acte . Que nenni, cet acte est odieux et irresponsable, mais malheureusement de plus en plus fréquent dans notre société.
Rappelez vous, il y un an jour pour jour, les gestionnaires de le résidence d'ARC V à Rouen annoncent aux 40 résidents qu'ils doivent quitter les lieux dans les 10 jours; moyenne d'age de ces derniers: 90 ans. Et, les exemples se multiplient de tentatives heureusement souvent avortés, de contourner deux éléments fondamentaux: le code des familles qui protège les personnes âgées de plus de 75 ans et/ou fragiles ainsi que la justice, seule habilitée à prononcer une expulsion d'un domicile. Je rappelle ici que la chambre de la résidence médicalisée est considérée comme le domicile de la personne. Mais l'époque est à la transgression. Depuis un certain président qui s'amendait régulièrement des lois, chantre de la droite décomplexée, les patrons et les directions de tous poils se sentent pousser des ailes et, s'arrangent avec leur conscience pour justifier leurs actes. Toute éthique disparaît, toute humanité est éradiquée de leurs pensées.
Cela n'est pas sans parallèle avec les expulsions musclées de locataires par des propriétaires sans scrupules, qui n'hésitent pas à vider un logement de tous meubles et objets sans préavis et en pleine période hivernale. En effet, ayant en charge, à la ville de Rouen, le service d'hygiène et le logement insalubre, je suis effaré des comportements de certains propriétaires-bailleurs plus proches des marchands de sommeil qu'autre chose, qui avec ou sans contrat de bail, gèrent à leur façon les "logements" qu'ils louent aux plus précaires, prétextant bien souvent faire du social; ce qui justifient à leurs yeux tous les accommodements possibles avec la réglementation.
Triste époque en vérité, triste réalité d'une société qui vit sous la coupe des financiers, d'une société où les services de l'Etat qui tentent de préserver les droits de tous, sont bafoués à visage découvert. L'un des axes prioritaires de tout gouvernement devrait être aujourd'hui de renforcer les services qui contrôlent l'application des réglementations de tous types. Sinon, ce genre d'affaires se multipliera, n'éveillera plus les consciences et cela en sera fini de l'égalité pour tous que nous pronons.