L'urgence est souvent mauvaise conseillère. Légiférer en réponse à un fait d'actualité rentre dans cette logique qui est pourtant la marque de fabrique de l'ancien président notamment en matière de sécurité. Nous avions dénoncé en son temps cette escalade (de sanctions) alors que bien souvent le dispositif légal est déjà suffisant en soi à condition qu'il soit appliqué. Il en est de même dans le domaine de la moralisation de la vie publique.
En effet, les temps ont bien changé en une décennie tant sur le financement des partis politiques que sur la transparence des élus et
c'est très bien comme cela. De nombreuses lois ont permis ce changement profond qui voit les scandales financiers collectifs disparaître peu à peu. Par contre, quelle loi pourrait empêcher des
dérives individuelles comme le mensonge, la corruption ou le détournement qui sont l'apanage d'individus prêts à tout pour leur réussite personnel ? Afficher notre patrimoine publiquement alors
que nous remplissons déjà une déclaration sur l'honneur très détaillée en début de mandat auprès d'une commission spécialisée, ne changera strictement rien a l'outrageant mensonge façon Jerôme
Cahuzac.
Ce genre d'annonce précipitée ne présage généralement rien de bon dans l'application, tout comme la volonté de certains de se racheter
une virginité en lavant plus blanc que blanc aurait dit Coluche en poussant le bouchon toujours un peu plus loin n'est guère rassurant. Ainsi, hier, on tirait tous azimuts sur les politiques qui
cumulent mandat et activité professionnelle, sur les politiques qui sont plus souvent issus du fonctionnariat, sur la difficulté d'un salarié du privé à assumer un mandat. Bref on entendait tout
et son contraire, jusqu'à l'excès quand certains souhaitent ouvertement que les politiques soient des professionnels à par entière. Tout l'inverse du sens de l'histoire, à l'inverse de l'attente
de nos concitoyens qui souhaitent avoir des élus représentatifs de la population, au mépris de l'esprit de la République qui souhaite que chacun puisse accéder un jour aux fonctions d'élus. La
précipitation étant bien mauvaise conseillère, on ferait mieux de réfléchir sur le statut de l'élu, de mettre en place les préconisations du rapport Jospin, de publier le revenu mensuel des élus,
de tous les élus et non un patrimoine qui prêterait le flanc aux commentaires les plus farfelus. En ces temps de frénésie, il serait bon de savoir raison gardée.
PS qui n'a rien à voir: Pendant ce temps, les français attendent des réponses sociales à la crise qui perdure ! Merci pour
eux.